Sophie et les enfants
En février 2022, Sophie, la maman de Félix, a dû faire face à l’hospitalisation de son fils. Accompagnée de son mari Sam, elle a séjourné à la Maison Ronald McDonald de Bordeaux pendant environ un mois (d’avril à mai 2022) puis 15 jours en octobre, tous les trois avec Félix. Elle raconte son expérience et l’importance de cet hébergement pour alléger cette période difficile.

Comment avez-vous connu la Maison Ronald McDonald de Bordeaux ?

Lorsque Félix a été hospitalisé, mon mari Sam et moi avons d’abord alterné pour être auprès de lui à l’hôpital. Nous pouvions rester dans sa chambre, et l’hôpital estimant qu’étant relativement proches, nous n'avions pas besoin d’une solution d’hébergement alternative.
Nous avons donc fait trois jours chacun, ce qui, bien que faisable au départ, est rapidement devenu épuisant, tant physiquement qu’émotionnellement. Après trois jours, je ressentais un grand vide en quittant Félix pour retourner seule à la maison, pendant que mon mari restait à ses côtés. Nous savions que l’hospitalisation de Félix durerait environ six semaines et pensions pouvoir tenir le coup avec cette organisation. Durant ces premières semaines, nous avons effectivement réussi à gérer, bien que cela fût éprouvant.

Cependant, c’est lors d'une nouvelle hospitalisation imprévue de Félix que la Maison Ronald McDonald nous a été proposée. Cette situation a mis en lumière notre besoin de trouver une solution plus adaptée pour mieux gérer cette période difficile. L'hébergement à la Maison nous a permis d’alterner nos nuits de manière plus sereine, ce qui a été un réel soulagement. Nous pouvions enfin nous reposer, dormir un peu mieux et être plus disponibles pour Félix. Le fait d’être proches tout en ayant la possibilité de récupérer a fait une grande différence dans la gestion de la situation. De plus, la Maison nous a permis d'éviter les frais de transport et les allers-retours constants, ce qui nous a grandement aidés à mieux vivre cette période difficile.


Quelle a été votre première impression en arrivant ici  ?

Très positive ! Les lieux sont extrêmement chaleureux et modernes. Le confort des chambres et des espaces de vie m’a laissé un souvenir apaisant, dans cette période difficile. La Maison a été un véritable refuge pour mon mari et moi, un endroit où nous pouvions nous ressourcer et nous poser. Nous avons pu rencontrer d’autres familles et échanger avec le personnel d’accueil. 

On ne ressent pas vraiment la « vie en communauté », car on n'y vient pas dans ce but. Chacun est absorbé par ses propres difficultés et on n’a pas réellement le temps de s’intégrer. On vient surtout pour se restaurer, se reposer et dormir. Pour ma part, j’aime bien discuter, mais tout le monde traverse une épreuve particulière… Ce n’est pas exactement l’endroit pour se faire des amis.

Le confort offert par la Maison est remarquable : c’est un lieu vivant et accueillant, doté d’un joli jardin et de cuisines très bien équipées. Comparativement, pendant les six semaines où nous n'avions pas accès à la Maison Ronald McDonald, les installations dans le service étaient basiques : il y avait une salle pour les parents, équipée seulement d’un micro-ondes et d’une cafetière… Certes, cela permettait de se restaurer, mais au bout d’un moment, c’était insuffisant. Nous ne nous sommes pas trop plaints, d’autant plus que nous avons vu de nombreux parents rester seuls 24h/24 dans le service dans ces conditions, alors que nous avions la possibilité de nous relayer pour souffler. En définitive, la Maison Ronald McDonald représente un véritable havre de paix pour se ressourcer, même si la situation demeure difficile à vivre.


Pouvez-vous nous décrire une journée type à la Maison ?

Celui qui dormait à la Maison Ronald McDonald prenait son temps le matin pour se réveiller et déjeuner tranquillement. Ensuite, il venait remplacer celui qui restait dans la chambre avec Félix, le temps que l'autre parent se rende à la Maison pour se doucher et souffler un peu. Dans l'après-midi, nous alternions souvent nos présences.

Je pense que si nous avions pu bénéficier de la Maison Ronald McDonald durant les six premières semaines d’hospitalisation de Félix, nous aurions sans doute dormi là-bas plus souvent et ensemble. Durant cette période, nous n’avons jamais dormi à deux à la Maison, car lorsque Félix était en secteur protégé, il se trouvait dans un état très délicat, nécessitant la présence constante d’un parent. Nous avons donc jugé indispensable de rester dormir avec lui. Si nous avions eu accès à la Maison dès la première phase de traitements, nous aurions sans doute pu, certaines nuits, le laisser seul lorsqu’il allait mieux.


Comment vous organisiez-vous pour les repas ?

Généralement, l’un de nous préparait le repas à la Maison Ronald McDonald, puis l’apportait à l’hôpital afin que nous puissions manger ensemble dans la salle des parents. Vers la fin, lorsque Félix se sentait mieux et nous demandait de lui laisser un peu d’espace, nous prenions nos repas tous les deux à la Maison. Celui de nous deux qui se trouvait à l’hôpital repartait pour passer la nuit auprès de Félix.


Quels espaces de la Maison avez-vous le plus apprécié ?

J’ai particulièrement aimé la cuisine, la salle à manger et l’espace buanderie, qui s’est révélé essentiel.


Avez-vous pu bénéficier des soins bien-être proposés à la Maison ?

J’ai pu bénéficier d’un massage shiatsu. Après avoir lu le panneau d’information sur les soins et activités, je me suis renseignée auprès de l’équipe et je me suis inscrite. Je n’ai pas profité du service de coiffure, mais je trouve formidable que des soins bien-être soient proposés aux parents et aux familles hébergées à la Maison. Après, je sais que tout le monde ne s’autorise pas forcément ce type de pause. On se demande : « Notre enfant souffre, il est mal, est-ce que c’est bien, est-ce que c’est légitime de prendre du temps pour soi ? ». La culpabilité s’installe vite… Mais comme nous étions deux, c’était rassurant de savoir que l’un pouvait s’accorder un moment pendant que l’autre restait auprès de Félix.

Je pense qu'il est vraiment important de proposer ce type de soins bien-être aux familles, et c'est formidable que la Maison Ronald McDonald le fasse. La Maison en elle-même apporte déjà énormément : c’est un lieu chaleureux, moderne et accueillant, avec des chambres confortables. Tout cela a certainement contribué à mieux accompagner Félix.


Avez-vous tissé des liens avec d'autres familles ?

Oui, mais pas spécialement à la Maison Ronald McDonald, davantage à l’hôpital. Je suis encore en contact avec une maman avec qui je suis devenue amie, mais notre lien s’est surtout créé au sein du service. Cependant, on se retrouvait souvent à la Maison. Ce qui était agréable, c’est qu’on avait nos habitudes : on mangeait ensemble à la Maison des parents, et ce qui était amusant, c’est que nos conjoints et nous alternions nos présences à l’hôpital au même rythme. Une fois, on s’est même retrouvées à trois mamans à la Maison, un soir, et on a partagé un verre tout en discutant sur la terrasse. C’était une vraie bouffée d’air dans cette période difficile. On avait même invité un papa qui était seul. C’était agréable de pouvoir partager ces moments.


Que pensez-vous de la Maison ?

Honnêtement, c’est un lieu exceptionnel pour se ressourcer.

Auparavant, quand je me rendais chez McDonald’s, je ne prêtais pas vraiment attention aux petites maisons où l’on peut déposer des pièces ou à l'option d’arrondir les paiements aux bornes pour la Fondation Ronald McDonald. Mais depuis mon expérience à la Maison Ronald McDonald, j’en parle autour de moi et j’encourage mes proches à donner. Aujourd’hui, je comprends réellement à quoi servent ces dons : ils permettent aux familles de rester proches de leur enfant hospitalisé, dans un environnement chaleureux et confortable. C’est dommage que peu de gens en aient conscience, car si l’impact de ces dons était mieux connu, beaucoup donneraient plus facilement.

Par ailleurs, ce qui est vraiment chouette, c’est toutes les petites attentions à la Maison. On a eu des petits cadeaux aussi, et c’est vrai qu’on se sent réellement chouchoutés. Si l'on souhaite profiter de tout ce qui est mis à disposition, il y a largement de quoi faire ! Mais, lorsqu'on est dans cette Maison, ce n’est pas vraiment notre priorité et on n’a pas forcément envie de profiter de tout ce qui est disponible…

Toutefois, j’ai eu l’occasion de discuter avec d’autres familles, et ce que je trouve particulièrement agréable dans la cuisine, ce sont les îlots centraux. La nourriture devient un véritable repère dans ces moments-là, l’un des rares plaisirs qui nous apportent un peu de réconfort. J’ai été surprise de voir que les familles cuisinent beaucoup ici. Autour de l'îlot central, j’ai souvent eu l’occasion de discuter et de rencontrer d’autres familles. Parfois, c’est presque une manière de relativiser son propre malheur, même si cela peut sembler difficile à exprimer. On se retrouve dans un espace où tout le monde vit plus ou moins la même chose, ce qui crée un sentiment de compréhension mutuelle. Lorsque l’on est entouré de personnes ayant vécu des situations similaires, cela fait du bien, car il n’est même pas nécessaire de parler, ils comprennent. Ici, personne ne te juge si tu es fatigué ou si tu as les larmes aux yeux. C’est un endroit où tu peux être totalement toi-même.

Je trouve que c’est vraiment formidable que cette Maison existe. Et malheureusement, il n’y a pas assez de places pour tout le monde… C’est dommage, car je suis convaincue que cet endroit joue un rôle clé dans la guérison, en apportant un véritable soutien aux parents et aux familles. Si elles sont bien accompagnées, elles peuvent mieux soutenir leur enfant malade.


Que diriez-vous de la Maison en un mot ou en une phrase ?

Bienveillance. Pour moi, c’est un véritable cocon, une parenthèse, un lieu où se ressourcer, empreint de bienveillance et de confort. Honnêtement, tout est conçu pour nous faciliter la vie. J’ai même découvert des équipements que je n’ai pas chez moi !


Ce témoignage met en lumière l'importance cruciale de la Maison Ronald McDonald de Bordeaux pour les familles confrontées à l'hospitalisation d'un enfant. Un grand merci à Sophie pour avoir partagé son expérience et son ressenti avec nous.